Je pratique le Chi kung depuis au moins une vingtaine d’années, mais il est difficile d’être précise, car la façon dont je l’ai pratiqué au début est très différente de ma pratique actuelle.
En effet, c’est un peu par hasard, que j’ai rencontré le Chi kung, à travers des cours que proposait une jeune femme qui venait de s’installer dans mon village. C’était à ma porte, pas cher, et j’ai tenté l’expérience. Il faut dire que, sans être du tout attirée par le sport, j’ai toujours aimé mettre mon corps en mouvement, principalement à travers la marche.
J’ai donc commencé banalement, une fois par semaine, dans une salle municipale…
Notre professeur avait fait un séjour en Chine puis avait rencontré un maître taoïste, Liu Paï Lin, dont elle avait suivi les enseignements, et, tout de suite, ce qui m’a le plus touchée, c’est la façon dont elle nous parlait du corps. Une poésie qui m’enchantait, et qui, tout en laissant mon mental hors jeu, m’entraînait dans une pratique qui est devenue de plus en plus familière. Il s’agissait de « relier la terre au ciel » « d’écarter les nuages » « d’attraper la lune », « de repousser la montagne »…Je n’avais pas de problème physique à traiter, donc pas d’attente de résultat, je ne retenais rien, mais je me laissais emmener dans cet univers hors de ma rationalité habituelle, et pourtant si méticuleusement balisé car chaque geste renvoyait à au-delà de lui-même.
L’amitié aidant, nous avons organisé des stages en pleine nature, devant le soleil levant, dans les forêts et sous la lune, où marches et méditations transformaient notre rapport au corps, en nous faisant écouter ce souffle-origine à travers lui. Je rencontrais le plaisir de pratiquer sans réfléchir, car mon effort pour aller chercher la subtilité des sensations, repoussait toute activité mentale consistant à vouloir retenir ou vouloir comprendre.
Puis ce professeur a quitté la région ; quand j’en avais l’occasion, je faisais un stage de Chi kung, mais ça restait occasionnel. Jusqu’à ce que je rencontre une enseignante qui pratiquait le « Chi kung de la verticalité de l’être » que lui avait transmis Kar Fung Wu. La forme en était extrêmement simple, mais j’ai senti là une pratique qui pouvait se creuser à l’infini. Un jour, notre enseignante nous a dit que pour un Chinois, une phrase comme « je suis croyant mais pas pratiquant » était incompréhensible, car dans cette culture, la pratique physique et la spiritualité ne peuvent pas se dissocier. Le peu que j’avais lu sur le Taoïsme me laissait un goût d’énigme. Rien n’était posé sans que son contraire soit posé aussitôt. J’ai continué sans plus de questions, attirée par cette pratique sans vraiment savoir pourquoi, sinon la joie profonde de se découvrir reliée par de mystérieuses vibrations à tout l’univers.
Cette pratique est devenue très naturellement quotidienne, et me permet , sans trop de mots, d’aller vers la réponse à cette très vieille interrogation : « qu’est-ce que c’est que être vivant ? » Comme cette question peut toucher nos préoccupations chez les « amis du lac », j’ai été emmenée à partager quelques postures de base issues de cette pratique, dont vous avez un exemple ci-dessous.
Je me suis rendu compte que d’autres membres avaient une pratique d’art martial, et c’est ainsi que nous avons fait venir, lors d’une de nos rencontres, un enseignant en « pranadynamic », Franck …..
J’ai retrouvé là, une autre manière de s’approcher de cette énergie-souffle, qui, parce qu’elle nous est invisible, disparaît si facilement à nos yeux d’occidentaux, mais qui pour certains orientaux, est le fondement très concret du vivant.
Qi Qong de la verticalité de l’être
Enroulement déroulement :
Osciller de l’avant (activation de la chaîne des muscles profonds postérieurs_ yang_) vers l’arrière (activation de la chaîne des muscles profonds antérieurs _ yin ₎ puis
Chercher la verticale où les deux chaînes sont au repos et où la chaîne médiane prend le relais. Vide médian qui permet d’harmoniser action vers le monde, et réception de son intériorité.
Genoux déverrouillés sans être pliés, nombril absorbé vers les lombaires, tête suspendue vers le ciel.
Grandissement en repoussant la terre de ses pieds. Lien entre la terre et le ciel. Grande posture de base, qui peut toujours s’approfondir et aux subtiles vertus thérapeutiques. (Ce début du travail peut se faire en toute clandestinité dans n’importe quelle file d’attente)
Menton vers le cou (le mental se reconnaît comme serviteur du coeur)
Lentement chaque vertèbre suit. Etirement des fascias, glissement des omoplates, fléchissement des genoux, dessin de la courbe occiput-coccyx qui s’affirme. Attention fine à chaque sensation. Les talons peuvent se soulever, les orteils ancrés dans le sol, la tête pend de tout son poids vers le sol,le buste s’étale sur les cuisses.
Posture en germe. Respiration des reins, de tout le dos. Régénérescence.
Pour remonter :
Repousser le sol avec les pieds. Les genoux restent pliés légèrement, le buste sur les cuisses, le poids de la tête étire le dos.
Avancer pubis et genoux vers l’avant, et remonter délicatement chaque vertèbre. Glissement des omoplates. La tête en dernier, trouve sa place dans une légère oscillation.