Nous avons acheté le domaine en 2007 et pendant les deux premières années, nous brûlions sans réfléchir davantage, les nombreux déchets végétaux (taille de haies, déronçage, désherbage.) résultant de l’entretien des terrains. Mais rapidement, des voisins situés au-dessus de nous, se sont plaint de la fumée dégagée par nos brûlis permanents.
Nous avions à ce moment-là, dans le bas de la propriété, un endroit plein de prêles et d’orties, que nous n’utilisions pas, et déjà encombré de pas mal de bois mort. Le terrain y est très argileux, très humide, en bordure d’un lac artificiel. Notre seul objectif, à ce moment-là, était de nous débarrasser de nos déchets, et nous avons donc déplacé nos feux là, pour ne plus gêner personne.
Mais nous commencions à être conscients des nuisances de la fumée, et du gaspillage d’énergie que ces feux constituaient. C’est d’ailleurs à peu près à la même époque que la législation s’est prononcée sur le sujet. http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2011/11/cir_34130.pdf
Par ailleurs, nous avions défriché une autre partie très encombrée du terrain, où, dans l’impossibilité de faire autrement, les branches et les ronces coupées étaient restées sur place. Or, nous avions constaté qu’au bout de deux ans à peine, le tas avait très fortement diminué de volume, sans aucune intervention de notre part. Nous avons donc décidé de transformer l’endroit où nous faisions nos feux, en stockage de déchets verts. La disposition du terrain présentait une sorte de fosse naturelle, et nous avons commencé à y entasser tout ce que nous coupions, en observant quelques principes de base du compostage, c’est-à-dire le mélange de déchets organiques (herbes, tontes) et de déchets ligneux (branches mortes). Nous découpions les branches mortes en petits fragments, avec un sécateur. La place ne manquait pas, le temps non plus, et nous ne nous inquiétions pas vraiment de savoir si cela pourrait être utile plus tard.
Au bout de deux ans, nous nous sommes rendu compte que le tas gardait un volume à peu près constant, et que dans sa profondeur, la décomposition commençait à donner un humus noir, odorant, peuplé de vers de terre, très différent du socle argileux sur lequel il repose, et dont l’aspect nous a réjoui.
Nous avons commencé à prendre conscience de la richesse qui gisait là, et avons décidé d’acheter un broyeur, afin de mieux pouvoir traiter les rameaux frais issus de la taille régulière des arbres de la propriété. (Peupliers pour la majorité, mais aussi thuyas, lauriers, et quelques fruitiers) Nous avons donc fait du Bois Raméal Fragmenté ou BRF que nous avons utilisé comme couverture végétale au pied des fruitiers. De nombreux sites écologistes parlent du BRF mais vous trouverez des détails même chez Gamme Vert https://www.gammvert.fr/conseils/conseils-de-jardinage/bois-rameal-fragmente-ou-brf-ce-qu-il-faut-savoir
Il restait suffisamment de bois mort pour aérer et équilibrer les déchets organiques.
Notre tas qui n’avait été au début qu’une « poubelle » végétale, est maintenant organisé en trois parties : une, la plus ancienne qui nous fournit un humus avec lequel nous nourrissons régulièrement les arbres fruitiers, les plantes d’ornement, une autre que nous laissons se tasser et se décomposer tranquillement, jusqu’à ce qu’elle puisse remplacer la précédente, et le dernier endroit où nous évacuons pour l’instant, nos déchets les plus frais.
L’évolution s’est faite lentement, de façon très empirique, au hasard des circonstances, et voilà que maintenant, ce dont nous cherchions à nous débarrasser nous montre la richesse du cycle de la vie et nous remplit de gratitude.